«Une politique axée sur l’inclusion est une voie pour mettre fin aux conflits dans les pays» -Fode Ndiaye

Le Représentant de One UN, Fode Ndiaye

Par André Gakwaya;

Kigali: Une politique axée sur l’inclusion est une voie pour mettre fin aux conflits dans les pays, selon le Représentant de One UN, Fode Ndiaye (F.N.), lors du Forum sur la Diversité et l’Inclusion qui se tient à Kigali et qui a réuni des délégués issus de quinze pays africains. Lire son interview recueillie par André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI-RNA) :

ARI- Quel est l’élément le plus important que nous pouvons retenir de ce Forum sur la Diversité et l’Inclusion ?

F.N. – L’élément le plus important est que la diversité et l’inclusion requièrent des actions, des changements, au niveau individuel et des communautés, des gouvernements, de la société civile, des partenaires au développement, au niveau du Secteur Privé. C’est un mouvement d’ensemble qui part de la nécessité de comprendre quels sont les facteurs de la diversité qui constituent une importance pour nos communautés, mais qui sont parfois perçus comme des défis. L’autre qui porte le fardeau de ce que nous n’avons pas pu faire, le stigma de ce que la société a de pire. Et ce mouvement d’ensemble est ancré dans l’agenda 2030 autour du principe important de ne laisser personne au bord du chemin. Pour atteindre cet objectif, il faut d’abord comprendre la complexité de la situation et du contexte. Nous avons tous en tant qu’individu notre histoire, notre culture, nos normes de société, notre éducation, qui font de nous ce que nous sommes. Mais il faut nous départir de ces aspects pour embrasser l’autre. Pour ce faire, les points suivants méritent d’être soulignés. Premièrement, il faut comprendre les facteurs de la diversité non pas  seulement dans nos institutions, – par exemple le PNUD, la Banque Mondiale-, mais aussi dans notre manière de travailler, mais aussi au niveau des politiques publiques.

ARI- Le thème que vous proposez est le meilleur moyen d’éviter les conflits dans la société. C’est cela aussi l’objectif visé ?

F.N. – Oui. Parce que l’agenda 2030, c’est exactement cela. C’est pour une population, c’est pour la planète, c’est pour la prospérité. C’est pour le partenariat. En mettant en commun les différents pays, nous voulons bénéficier des pratiques de ces différents pays, les bonnes pratiques. Qu’est-ce qui fait que le monde bouge davantage vers l’inclusion ? Dans le cadre de la discussion, nous allons mettre en exergue certains éléments novateurs pour prendre en compte la diversité du genre, d’orientation sexuelle, la diversité géographique, économique, sociale, de la perception de l’autre, qui sont ce qu’on appelle les biais cachés. Ce sont des biais qu’on ne détecte pas. Vous et moi, nous avons tous des biais : peut-être que nous voyons l’autre d’une manière différente de comment nous nous percevons nous-mêmes. Donc, un des facteurs éléments de tout cela, c’est l’objectif 16 qui a pour but d’avoir des sociétés plus justes, plus stables, plus en paix. Cela ne peut pas être atteint si chacun d’entre nous ne voit que dans cette évolution positive, chacun a sa place, et peut s’épanouir et vivre sa vie d’une manière appropriée.

ARI- Quel est le sens du vocable« biais »?

F.N.- « Biais » ça veut dire comment nous, on perçoit l’autre. Les travers, les tendances négatives. C’est ça les biais. Par exemple je vous vois : vous êtes d’un autre pays et je dis il n’est pas des nôtres. Alors, que vous être un homme comme moi. Mais ma tendance est de dire : « Vous n’êtes des nôtres ». Le biais aussi, ça peut être aussi sur la peau. Vous voyez quelqu’un est d’une autre couleur de peau. Les aspects de xénophobie, les aspects liés à la migration, etc. Les biais, ça peut être aussi, – j’ai oublié un aspect important-, quand on parle d’exclusion. Les populations qui vivent avec des handicaps qui constituent 1,5 milliards de personnes, 15 % de la population mondiale, qui doivent être aussi inclus. Le biais, c’est voir l’autre d’une manière qui est différente de la manière dont je me vois moi-même. On doit avoir le miroir, et pour voir dans le miroir l’autre, et ne pas chosifier cet autre, mais plutôt humanifier cet autre. C’est la seule manière pour nous de contrarier l’humanité, mais je dois dire que ce n’est pas facile, parce qu’on a des contraintes liées aux politiques publiques, des fois il y a des voix qui ne sont pas entendues seulement parce que tout simplement les gouvernements veulent les exclure. On a des problèmes des données, parfois on a des données qui ne sont pas désagrégées à un niveau assez  granulaire pour comprendre qui sont laissés pour compte et pourquoi ils sont laissés pour compte. Définir les politiques publiques qui rendent l’inclusion plus matérialisée dans le cadre des politiques publiques. Rendre compte requiert des données pour mesurer les progrès accomplis. Vous avez aussi des contraintes liées aux ressources. J’ai lu quelque part que rien que pour l’éducation et la santé, prendre en compte cet élément d’inclusion de tous, il faudrait  730 milliards de dollars US chaque année. Bien sûr on parle pour le SDG  de 5.000 à 7.000 milliards des dollars US pour faire le nécessaire. Mais ici rien que pour l’éducation, l’inclusion à ce niveau, l’éducation et la santé.

Il y a aussi l’âge. Bientôt pour l’Afrique, la population est très jeune. Mais pour la population mondiale, on a presque 1,2 milliards de personnes qui ont plus de 60 ans, donc qu’il faudrait aussi prendre en compte dans ce cadre. (Fin)