Burundi-Rwanda : l’extradition des putschistes reste un point de discorde

Poignée de main entre les deux Présidents en marge du Sommet de l’EAC  

Malgré la récente rencontre entre les Présidents rwandais Paul Kagame et burundais Evariste Ndayishimiye en marge du 20ème Sommet de l’EAC tenu le 4 février 2023 à Bujumbura, les relations ne sont pas encore au beau fixe entre les deux nations sœurs de la région des Grands Lacs d’Afrique.

Décidément, le Burundi campe sur ses positions. Il exige toujours l’extradition des auteurs du putsch avorté contre feu Président Pierre Nkurunziza en 2015 qui ont trouvé refuge au Rwanda.

“Nous voulons de très bonnes relations avec tous nos voisins. Même avec le Rwanda, un pays avec lequel nous avons eu des démêlées suite à la crise de 2015, nous sommes en train de tout faire pour que les relations retournent à la normale”, a déclaré le Ministre burundais des Affaires Etrangères, Albert Shingiro, dans un point de presse le jeudi 9 février 2023.

“Vous avez vu que le Chef de l’Etat rwandais Paul Kagame est venu au Burundi samedi 4 février, c’est un pas important dans le processus de renormalisation des relations entre nos deux pays. Mais il y a encore un point de discorde, d’achoppement. Nous attendons qu’ils nous remettent les auteurs de la tentative de coup d’Etat de mai 2015, qui ont demandé asile dans ce pays”, a fait savoir le chef de la diplomatie burundaise.

“Nous osons espérer qu’ils vont nous les remettre sous peu ou selon leur convenance parce que nous restons convaincus qu’un pays ne peut pas sacrifier les relations de bon voisinage pour mettre en avant les intérêts d’une vingtaine de personnes”, a ajouté l’homme d’Etat burundais.

Mais le Président rwandais Paul Kagame, – qui n’avait pas foulé le sol burundais depuis plus de 11 ans-, rétorque toujours en disant que les personnalités réclamées par le Burundi sont sous la protection du HCR (Haut-Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés).

Les relations entre le Rwanda et le Burundi se sont dégradées depuis fin avril 2015, suite à une crise née de la contestation contre le troisième mandat de feu Pierre Nkurunziza.

Le Burundi accusait le Rwanda d’héberger ses opposants, dont des putschistes auteurs de la tentative de coup d’État du 13 mai 2015 et de son côté, Kigali accusait Bujumbura de collaborer avec les rebelles FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) accusés d’avoir perpétré le génocide contre les Tutsi du Rwanda en 1994.

Mais, avec l’arrivée au pouvoir du Président Evariste Ndayishimiye vers fin 2020, un processus de normalisation des relations a été lancé.

Des efforts qui ont poussé les deux pays à rouvrir leurs frontières fermées depuis 2015 au plus fort moment de la crise, et les rencontres officielles entre hautes autorités de ces deux pays se sont d’ailleurs multipliées à Kigali ou à Gitega.

Le Burundi avait toujours conditionné l’ouverture de ses frontières avec le Rwanda à la “livraison” de plusieurs opposants, figures de la société civile et journalistes, réfugiés au Rwanda.

Mais aucun opposant burundais, journaliste ou autre figure de la société civile vivant en exil au Rwanda n’a encore été remis aux autorités burundaises.

Depuis sa prise de fonction en juin 2020, le nouveau Président burundais, Evariste Ndayishimiye, s’est engagé à œuvrer pour la décrispation des relations avec Kigali. (Fin)