Génocide à Cyangugu: actes de violence et meurtres commis contre les Tutsi dans l’usine de thé de Shagasha

L’usine de thé de Shagasha est située dans l’ancienne commune de Gisuma, actuellement le secteur de Giheke, district de Rusizi. Jusqu’à la perpétration du génocide contre les Tutsi, l’usine de thé de Shagasha était dirigée par Callixte Nsabimana qui serait le cousin du président Juvénal Habyarimana.

Après que le FPR eut lancé la guerre de libération en octobre 1990, les employés tutsis de l’usine de Shagasha furent depuis lors soumis à des persécutions. Ils étaient qualifiés de complices du FPR, de cafards et de méchants entre autres. En raison de la haine de Nsabimana Callixte contre les Tutsi, il a établi un une barrière à l’entrée de l’usine afin qu’aucun membre du FPR ne puisse entrer dans l’usine. Comme l’explique une personne interrogée dans l’étude menée par la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) sur l’histoire du génocide contre les Tutsi dans l’ancienne préfecture de Cyangugu, en 1991, Callixte Nsabimana a demandé que les listes de tous les Tutsi travaillant pour l’usine soient élaborées. Les personnes inscrites sur les listes ont été persécutées ou démises. Parmi les renvoyés figurent Nkaka Jean, qui travaillait dans une plantation de thé, qui, selon Nsabimana Callixte, a été destitué en raison de l’arrogance des Tutsi.

La personne interrogée explique que dans ce qu’on a appelé «assurer la sécurité de l’usine», Callixte Nsabimana a amené un total de 37 jeunes et les a équipés de machettes et de haches sous prétexte d’assurer la sécurité de l’usine. La plupart de ces jeunes étaient d’anciens soldats ou policiers communaux originaires de Gisenyi.

En 1992, Callixte Nsabimana a commencé des actes de persécution des Tutsi, notamment des perquisitions fréquentes dans leurs maisons, leur demandant de fournir des pièces d’identité, les tenant au travail après les heures normales de travail et autres. Nsabimana avait remis à tous les employés des papiers contenant leur identité complète, y compris leur groupe ethnique, et devait les emporter partout où ils pouvaient aller. Il a également ordonné aux jeunes sur la barrière à l’entrée de l’usine de narguer tous les Tutsi et de refuser l’entrée à quiconque serait défensive. La personne interrogée explique que les leaders de ces actes ignobles se étaient Nsabimana Callixte, Sebudagari, Semondo, Karekezi, Nzigihima, Gratien, Rwamwaga Victor, Nkusi et Munyakazi surnommé Gihenera, Donat, Ntakiyimana et d’autres.

Nsabimana Callixte avait une haine extrême contre les Tutsi dans la mesure où il a même donné le droit à ses jeunes d’aller déraciner les drapeaux des partis politiques PL et PSD qui se trouvaient dans la région. Il qualifiait ces partis politiques de groupe ethnique tutsi. Il se comportait comme s’il dirigeait toute la région et était haineux envers les Hutu partisans du parti MDR. Il tenait des réunions avec le préfet Emmanuel Bagambiki et les agents de sécurité de l’usine. Il leur a dit que le seul ennemi qu’ils avaient était les Tutsi et qu’au cas où  ils seraient distraits, l’ennemi les exterminerait. Nsabimana Callixte a fui le pays suite à ce qu’il a fait. (Fin)