Rwanda : le HCR recrute chez les réfugiés pour le Canada

Des réfugiés accueillis au centre communautaire de Gikondo en ville de Kigali dans une séance d’enregistrement

Le HCR-Rwanda est dans une phase de sensibilisation dans la communauté des réfugiés pour l’immigration économique au Canada. Après Kigali, c’est le tour du camp de Mahama.

 Objectif: rechercher des réfugiés qualifiés pour de probables emplois au Canada. D’après le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, ce projet suscite un engouement chez la majorité de réfugiés. 

Deux jours auront suffi pour le HCR et le Minema, ministère en charge des réfugiés au Rwanda pour expliquer aux réfugiés urbains à Kigali le programme lancé par le Canada sur l’immigration économique, au début de la semaine écoulée.

Ils ont expliqué que les réfugiés qualifiés peuvent tenter leur chance. 

« Des enseignants, infirmiers, mécaniciens, chauffeurs, ingénieurs agricoles, informaticiens, journalistes, nutritionnistes, artistes- designers, …la liste est longue. Vous êtes priés de tenter votre chance. Plusieurs entreprises canadiennes recrutent. Et du coup ce pays veut privilégier des réfugiés pour des visas gratuits de niveau immigration économique », expliquent des agents du HCR pour attirer l’attention des milliers de réfugiés essentiellement Burundais et Congolais qui se sont rassemblés au centre communautaire de Gikondo, à Kigali, pour deux jours.

Il leur est recommandé d’apprêter leurs diplômes ou certificats à commencer par les humanités générales et techniques. 

Le HCR dit être disponible à aider pour le dépôt des candidatures, si de besoin. « Mais nous avons expliqué toutes les étapes nécessaires, les documents exigés et nous avons dévoilé les liens et sites de dépôt de candidatures », laissent entendre le HCR et le Minema.

Jeudi et vendredi, c’était le tour des camps, à commencer par celui de Mahama qui abrite plus de réfugiés burundais et congolais sur le territoire rwandais.

Engouement, illusion et désespoir…

À Kigali, rien d’autre n’alimente la discussion à part ce sujet dans la communauté de réfugiés.

« On nous a dit qu’un nombre approximatif de 500 personnes doit se rendre au Canada dans le cadre de ce programme. Moi, ingénieur-informaticien, je dois être du nombre. Laisses-moi me renseigner sur tout ce qui est nécessaire et puis déposer le dossier le plus tôt possible. C’est peut-être Dieu qui a voulu qu’on quitte cette vie dure ici à Kigali pour un réfugié sans emploi », raconte JMV, réfugié, responsable d’une jeune famille.

Et d’ajouter : « Tu ne me verras plus, je vais prendre l’avion et y aller mon frère », comme pour se donner espoir, se rassurer.

Pour d’autres, il s’agit d’une illusion.

« Vous pensez que le Canada est une poubelle pour accueillir tous ces réfugiés-là! Soyez désillusionnés, ce n’est que la chance qui va primer comme pour le Green Card des USA. En tout cas, moi je ne veux même pas perdre mon temps », estime un autre réfugié.

Pourtant, d’autres préfèrent mesurer la chance.

« Moi, j’ai d’abord tenté pour ma femme qui est infirmière et le dossier a été bien reçu, j’ai entendu dire que son métier est plus privilégié. Moi qui suis du domaine des TIC, je vais voir si je vais appliquer », dira E.M, un autre réfugié, père de trois enfants.

Au camp de Mahama, c’est plus le désespoir qui gagne les esprits.

« Sur le terrain où la campagne s’est tenue, il n’y avait pas vraiment un monde important. D’abord parce que la plupart ici sont des gens non instruits, des illettrés. D’autres sont des Congolais dont les procédures de relocalisation sont en cours. Et puis, un grand nombre est composé par des gens désespérés qui ne veulent que rentrer chez eux », soulignent des sources dans le camp.

« Ici, on ne veut que de quoi mettre sous la dent. Rien que ça, car la famine fait rage. En plus, on nous a dit que les applications sont aussi faites dans d’autres pays du monde, donc les chances sont minimes », se désolent d’autres réfugiés à Mahama.

Cependant, le HCR, le Minema et d’autres organisations humanitaires qui assistent les réfugiés encouragent des applications surtout des jeunes pour tenter leur chance dans ce programme de l’immigration économique canadienne.

« Ceux qui auront été sélectionnés seront exemptés de frais de visa et toute procédure y relative jusqu’au ticket de transport aérien », a rassuré le HCR. (Fin)