Secteur Cynika: les fermiers ont renoncé à l’utilisation de fertilisants issus des matières fécales

Mme Evelyne Mukabalisa

Secteur Cyanika (Burera): Mme Evelyne Mukabalisa, 40 ans, mariée, mère de quatre enfants, agricultrice du Secteur Cyanika, cellule et village de Gisovu dans le district de Burera, utilisait des fertilisants issus des matières fécales.

Mais depuis trois ans, elle y a renoncé définitivement pour recourir aux intrants organiques issus des déchets des animaux domestiques et aux intrants chimiques moins chers, car subventionnés par l’Etat, et la production n’a pas diminué pour autant. 

« Il est vrai que j’ai utilisé les matières fécales issues de ma latrine vidable en guise d’intrants. Les autorités locales nous ont sensibilisés sur les dangers liés à ces pratiques culturales dangereuses. Les œufs des divers vers intestinaux restent longtemps dans le sol pendant cinq ans en infectant l’organisme humain, en accumulant les vers intestinaux, le ténia, la bilharziose et d’autres multiples maladies. Le maïs que je récoltais était bien gras et gros. Mais au regard des risques liés aux graves maladies que nous encourons, nous avons opté pour le fumier organique et chimique. Nous sommes satisfaits de la récolte obtenue », témoigne la jeune dame Mukakalisa.

Elle affirme que les enfants et les adultes prennent régulièrement une dose d’un comprimé donnée par tous les conseillers en santé tous les six mois pour soigner les vers intestinaux.

« Les fermiers ont été aussi sensibilisés à élever des porcs dans des étables propres construits avec du ciment, à l’écart de la maison familiale, pour éviter que les déchets de l’étable y pénètrent. Bien plus, les vendeurs de la viande de pocs doivent cuire à point cette chair si appréciée par l’ensemble de la population. Les autorités locales ont répandu ce genre de messages qui ont été vite assimilés par la population. Dans le district de Burera, personne ne peut passer outre ces mesures de protection », rassure Mukabalisa.

Nathan Hitiyaremye du Centre Biomédical du Rwanda (RBC)

Pour Nathan Hitiyaremye du Centre Biomédical du Rwanda (RBC), chaque fois que l’on récolte des légumes ou qu’on sarcle un champ fertilisé par des intrants à base des matières fécales, on s’infecte de diverses maladies et vers intestinaux.

Des fois, on peut être hospitalisé et opéré. Car, le foie gonfle, et l’ensemble de l’organisme est fragilisé.

« 41 % de Rwandais souffrent de vers intestinaux qui ont de pernicieuses conséquences sur l’état de notre santé. Les adultes vivent en infectant aussi leurs enfants. C’est pour cela que l’Etat a prévu un budget pour acheter des comprimés contre les vers intestinaux. Nous devons éradiquer les NTDs (Maladies tropicales négligées) comme nous l’avons fait par la maladie du sommeil causée par la mouche tsé-tsé. De même, nous devons tracer des conduites d’eau pour maintenir saines les eaux de nos lacs et pour les protéger contre la bilharziose. C’est de cette manière que nous pourrons attirer des visiteurs dans nos lacs », a-t-il rappelé.

Il a insisté sur l’importance de se doter d’eau potable dans le district de Burera, d’avoir des toilettes propres, de se laver les mains, de maintenir l’hygiène corporelle et à domicile.

« L’hygiène et l’assainissement sont bons pour une bonne santé. Ils doivent être privilégiés pour maintenir un corps sain afin de mieux participer aux activités de développement », a-t-il recommandé. (Fin)