Comparution initiale de l’activiste Yvonne Idamange prévue le 4 Mars

Yvonne Idamange Iryamugwiza a été arrêtée le 15 février 2021

La date de la comparution initiale de l’activiste rwandaise Yvonne Idamange Iryamugwiza qui est très critique sur les réseaux sociaux envers le gouvernement rwandais a été fixée au Jeudi 4 Mars 2021.  

Cette première audience devant le Tribunal de Première Instance de Gasabo sera consacrée aux débats sur le maintien en détention ou la relaxation sous caution de l’activiste Yvonne Idamange Iryamugwiza arrêtée le 15 février 2021 par la police.

Cette activiste fait face à des accusations très graves au Rwanda notamment l’incitation au trouble à l’ordre public, résistance à l’arrestation légale en blessant grièvement un officier de Police avec une bouteille lors de son interpellation, banalisation du génocide dont elle est pourtant rescapée,  et le fait de causer volontairement des dommages physiques. 

Cette mère de 4 enfants n’a pas sa langue dans la poche. Depuis le mois dernier, elle critique les actions du gouvernement sur la gestion du Coronavirus, la commémoration du Génocide et d’autres politiques sur son compte YouTube.

En date du 31 Janvier 2021, Mme Yvonne Idamange Iryamugwiza, jusqu’alors inconnue dans la sphère publique, réveille tous les Rwandais par une vidéo inédite, lançant un appel en détresse  dans lequel elle exhortait les autorités rwandaises à prêter l’oreille au cri du peuple impacté négativement par les mesures « impopulaires» décrétées dans le but d’endiguer la Covid-19.

« Un pays aussi pauvre que le Rwanda ne peut pas se permettre de confiner toute la population, car la grosse majorité vit de ce qu’elle produit au jour le jour », dit-elle. Elle assure qu’elle ne peut rester silencieuse alors que ses compatriotes souffrent, et va jusqu’à appeler les généraux du pays à libérer les Rwandais. Elle fustige les autorités sur la mauvaise la gestion du pays en général et le non-respect des droits humains à commencer par le droit à une vie décente de la population.

Elle a  dit que le Coronavirus est devenu un instrument que les autorités utilisent comme l’a été le génocide perpétré contre les Tutsi, et que les os exposés aux mémoriaux du génocide sont un fonds de commerce qui permettent aux autorités d’engranger les devises alors que les rescapés croupissent dans une misère exécrable.  « Ces défunts[les victimes du génocide, ndlr], qui sont nos parents, méritent une sépulture comme il en est dans la culture rwandaise. C’est de cette manière qu’ils seraient honorés », conclut-elle. 

Cette prise de parole lui a valu d’être qualifiée de « négationniste » d’un génocide qui a emporté les siens et dont elle est rescapée. L’activiste Yvonne Idamange a répondu à ces accusations en disant qu’« à part les fanatiques du régime, personne ne peut comprendre qu’un rescapé nie un génocide dont il a survécu, si vous ne faites pas attention le monde entier va finir par prendre ce génocide comme un jouet ». Elle leur a imploré de chercher un autre qualificatif pour museler leur parole.

Peu avant son arrestation, elle avait publié une dernière vidéo très virulente dans laquelle elle assure que le Président rwandais Paul Kagame serait mort depuis longtemps, sans en apporter les preuves. Une fausse rumeur régulièrement relayée sur les réseaux sociaux. Elle  a également diffusé une vidéo appelant à des manifestations à la Présidence à Kigali.

Ses vidéos ont rapidement totalisé des dizaines de milliers de vue et des centaines de commentaires. Yvonne Idamange s’est rapidement attiré le soutien de l’opposition en exil et la colère des officiels rwandais. (Fin)