Génocidaires rwandais et officiels congolais, une forte connivence que Jaynet Kabila feint d’ignorer

By Manzi Bakuramutsa*

Jaynet Kabila, fille de feu Laurent Désiré Kabila demande au Rwanda de négocier avec des génocidaires que Mobutu a accueillis à bras ouverts et utilisés comme mercenaires par Kabila père et fils. Ainsi, ils ont volé, pillé, violé et massacré impunément la population congolaise. Jaynet veut la réhabilitation des criminels, sans foi ni loi.  

Au Parlement panafricain, Jaynet Kabila, -qui en est une des membres représentant la RDC-, sans froid aux yeux, a suggéré que le Rwanda devrait négocier avec les rebelles FDLR qui sont issus des forces rwandaises génocidaires qui ont commis le crime de crimes en 1994 et qui sont actuellement installés confortablement en RDC.

Ce que Jaynet Kabila oublie, c’est le rôle néfaste joué par le président Mobutu qui a accueilli à bras ouverts ces criminels avec leurs armes et munitions. Au lieu de les mettre à la disposition du tribunal international ou de les accueillir en prison. Cette situation était la catastrophe car ces criminels sadiques, ont repris en RDC les horreurs qu’ils venaient de commettre au Rwanda.

Ces génocidaires se sont retrouvés dans un pays dont la situation était en déliquescence, en état de fin de règne de Mobutu, avec tout ce que cela comporte. Ainsi, ils sont devenus des conquérants d’un pays dans lequel il y avait l’absence de l’autorité de l’Etat. Ils ont conquis des territoires, ils ont pillé les mines, vassalisé la population, violé et mutilé les femmes tout en massacrant la population sur leur passage. Eux-mêmes n’ont pas hésité à s’entretuer.

Jaynet Kabila fait semblant d’ignorer que son propre père, Laurent Désiré Kabila, a bénéficié des services de ces criminels qu’il a employés comme mercenaires, à l’absence d’une forte armée nationale. Le Président Kabila les a armés et équipés pour combattre ses ennemis aux côtés des FARDC. Son fils, le Président Joseph Kabila, frère de Jaynet, en a fait de même. Et le Président Felix Tshisekedi son successeur a continué cette pratique jusqu’à ce jour, toujours dans le but de compenser la faiblesse des FARDC (Forces Armées de la RDC).  

Quand ils n’étaient pas au service de Kabila père et fils, et de Tshisekedi, dans les régions qu’ils occupent, les FDLR et leurs associés, ont toujours servi comme des hommes de main des autorités locales et des officiers FARDC surtout pour le contrôle et l’exploitation des mines, ou pour rançonner et exploiter la population locale. Il va sans dire qu’une partie des rançons leur revenait, et dans certains cas, la totalité du butin leur revenait. Leurs leaders en ont fait fortune.

Cette richesse mal acquise, est en plein blanchiment dans les pays et continents où ils ont élu domicile, notamment dans les pays de l’Afrique australe, en Europe occidentale, en Amérique et en Australie. Dans ces pays dans lesquels ces criminels font de va-et-vient fréquents avec des faux noms et des faux papiers, ils contrôlent l’économie locale voire la politique dans une certaine mesure.

Ce blanchissement d’argent a été longtemps observé dans certains pays européens sous forme d’investissement dans l’habitation, le transport, notamment les taxis et l’importation des produits à base de l’alimentation africaine. Les affaires sont tenues par les membres de leurs familles ou par leurs agents.

L’honorable Jaynet fait exprès d’ignorer que depuis 1995, le Rwanda a fait rentrer de la RDC plus de deux millions de personnes dont la plupart étaient des otages de ces criminels. 

Jaynet feint d’ignorer qu’il y a eu plusieurs opérations en commun accord avec le gouvernement du Rwanda et celui de la RDC, dirigé par Joseph Kabila, son frère et avec Tshisekedi son successeur avec l’appui de la Monusco. Ces opérations ont abouti au retour des milliers des FDLR et surtout des exilés que ces criminels avaient obligés de quitter le Rwanda.

Ce programme était toujours en cours, jusqu’au moment où la faiblesse des FARDC oblige les gouvernements successifs de deux Kabila et celui de Tshisekedi de continuer à armer ces criminels FDLR & Co pour combattre le M23, et pour créer l’insécurité sur la frontière entre le Rwanda et la RDC.

Le Rwanda que Jaynet Kabila accuse faussement devant ses pairs panafricains, a plus que fait pour respecter son engagement en rapatriant ses citoyens, et en les réinsérant au sein de la société rwandaise.

Les FDLR qui ne rentrent pas au Rwanda sont ceux qui sont employés comme mercenaires pour suppléer l’incapacité militaire des FARDC. La RDC coopère avec ces criminels, et elle seule est responsable de leur forfaiture.

La plupart des réfugiés congolais qui sont dans les pays limitrophes, ont fui leur pays à cause de ces criminels racistes habitués à rançonner, à violer, à piller et à massacrer. Et leur pays non seulement n’a pas assuré leur sécurité, mais comme on l’a dit plus haut, les FDLR étaient proches du gouvernement.  

C’est plutôt Jaynet Kabila, et les différentes casquettes qu’elle porte, qui devrait expliquer au monde la vraie solution pour mettre les Congolais ensemble et comment créer la bonne entente entre les pays voisins.

Au moment où le monde entier recommande à la RDC d’engager de pourparlers politiques avec ses milices armées, sans oublier d’y associer les pays voisins qui sont menacés par l’insécurité qui viendrait des frontières du côté congolais, la proposition de Jaynet semble déplacée de la part d’un parlementaire panafricain, qui recommande la négociation avec les criminels à qui le Rwanda a tout offert pour rentrer chez eux, et dont un grand nombre est déjà installé au Rwanda.

Jaynet aurait bien fait plutôt de recommander à son pays de prendre des mesures contre les criminels contre l’humanité que son gouvernement entretient.

C’est aussi dans ce cadre que Jaynet Kabila compare l’incomparable quand elle dit qu’il est inconcevable que le gouvernement congolais négocie avec le M23 sans que le Rwanda ne se résolve de faire de même avec les FDLR.

Au moment où les FDLR et leurs affiliés sont des forces criminelles qui ont commis le génocide au Rwanda et qui sèment la désolation en RDC, on peut affirmer sans hésiter que le M23 est un mouvement républicain, qui réclame la protection d’un groupe de population, selon les dernières négociations qu’il a tenues avec le gouvernement congolais sous l’égide de plusieurs Chefs d’Etat. 

Jaynet Kabila se contredit en affirmant que les FDLR « c’est un groupe qui vient du Rwanda, ce sont des Rwandais. Ils ont tué plus de personnes au Congo qu’au Rwanda ». Si elle est consciente de ce qu’elle dit, pourquoi le gouvernement congolais ne les empêche pas de nuire alors qu’il en a la capacité ? Au contraire, ce même gouvernement leur donne plus des moyens, leur fournit des armes, avec des pouvoirs sécuritaires en recourant à leurs services, y compris les services criminels comme l’envoie des obus au Rwanda.

Il est clair que Jaynet Kabila ne suit pas bien l’actualité quotidienne de son pays. Sinon elle se rendrait compte des massacres quotidiens qui deviennent de plus en plus importants tant que les jours passent dans les territoires de l’Ituri, à Lubero, à Beni, à Butembo, et dans tout le Sud-Kivu.

En continuant à focaliser sur le M23, Jaynet et tout le monde qui pratique la politique d’autruche et qui mentent continuellement au peuple congolais, seront surpris quand les rebellions de Kikwit et de Maï-Ndombe, qui sont à 2000 Km de Goma et à moins de 200 Km de Kinshasa, déboucheront bientôt dans les faubourgs de la capitale.

A ce moment ils comprendront que ce n’est pas payant de tromper le peuple, et d’induire en erreur les nations, voire et surtout, de mentir à soi-même !

La question de Voltaire reste encore d’actualité lorsqu’il dit: « jusqu’à quel point, on doit tromper le peuple ! » (Fin).

Manzi Bakuramutsa, • Ancien fonctionnaire de l’ONU (FAO, PNUD); • Ancien ambassadeur du Rwanda à l’ONU, Benelux, UE et Vatican