Une femme entrepreneure de Congo Brazzaville vend des produits africains et rwandais dans son pays

Séraphine Ekoa 

Dans le cadre du renforcement du commerce intra-africain et sous l’impulsion de la Francophonie Economique, une femme entrepreneure de Congo Brazzaville, Séraphine Ekoa (SE), vend dans son pays des produits africains et rwandais, et les entreprises rwandaises vendent au Rwanda des produits de Congo Brazzaville. Lire son interview à André Gakwaya de Rwanda News Agency (ARI-RNA) : 

SE – Je suis Séraphine EKOA. Je suis la présidente du club des femmes entrepreneures du Congo Brazzaville.  Je suis également responsable d’un incubateur qui accompagne les porteurs des projets depuis leur amorçage jusqu’à les formaliser pour ceux qui sont dans l’informel. Et les accompagner jusqu’à investissement et au financement de leurs projets. On est accrédité par le Fonds de garantie et d’impulsion du Congo Brazza, du Ministère des PME qui donc accompagnent les porteurs des projets.  Nous avons donc été sélectionné ici pour venir à cette deuxième Edition des missions économiques de la francophonie qui en fait réunit tous les entrepreneurs de la zone francophone pour qu’on puisse se connecter, qu’on puisse faire un réseau, comme on l’a dit depuis hier, pour pouvoir faire des deals.  L’étape du Rwanda était particulièrement importante pour nous, parce que vous savez qu’entre le Congo Brazza et le Rwanda, il y a une grande histoire depuis longtemps. Nous avons une grande communauté rwandaise qui est au Congo Brazzaville. Et aujourd’hui beaucoup d’entrepreneurs du Congo désirent venir investir au Rwanda. Et pour nous, c’était un peu une porte ouverte pour venir apprendre un peu comment ça se passe, quelles sont les opportunités et comment est-ce qu’on peut mieux commercer ensemble.   Je dirai que c’était encore plus important parce que je suis à la charge comme je vous l’ai dit du réseau des femmes entrepreneurs, et à l’heure où nous parlons, les femmes sont vraiment très motivées, très décidées à faire partie des acteurs économiques qui peuvent nous aider, nous en zone CEEAC, à changer la donne, que ce soit le Rwanda ou le Congo, nous sommes quand même des frères du bassin du Congo.  

ARI – Comment se présente cet accord signé ?

SE – L’accord a été conclu parce qu’au niveau des femmes entrepreneures, nous avons aussi un circuit de distribution dans les boutiques Made in Africa Shop. Et ces boutiques-là ne font pas que du Made in Congo, elles font du Made in Africa. Et aujourd’hui, dans les produits africains qui sont déjà bien avancés, bien étiquetés, les produits rwandais font partie des produits que les consommateurs recherchent. Donc aujourd’hui avoir le partenariat des femmes exportatrices du Rwanda, – vous savez que l’un de nos grosses problématiques, c’est la problématique de transport- et donc avec ces femmes qui exportent déjà, elles ont l’expérience et la facilitation des affaires pour nous accompagner pour mieux exporter ici au Rwanda, et en échange également, être le meilleur cadre pour accueillir nos produits congolais ici au Rwanda.

ARI – Vous avez combien de succursales, de branches Africa Shop ?

SE – Aujourd’hui, on est principalement basé au Congo, sur Brazzaville et Pointe Noire. Nous avons trois boutiques en propre, mais nous avons aussi un contrat avec Total Energie et nous diffusons nos produits dans les boutiques Bonjour. Et aujourd’hui Bonjour en tout ça peut représenter plus d’une cinquantaine de boutiques sur le Congo Brazzaville.   

ARI – C’est bénéfique ? 

SE – Vous savez l’entreprenariat au Congo Brazzaville ça date d’un peu moins d’une dizaine d’années parce qu’on était un pays pétrolier et l’entreprenariat n’était pas la première vocation. Mais maintenant que les gens, et particulièrement que les femmes sont vraiment motivées sur cette activité, on se bat, on n’est pas trop mauvaises. Vous savez qu’on n’aime pas toujours parler d’argent, mais en tout cas, si on continue à faire cette activité et qu’on se développe, ça veut dire qu’on arrive à faire du bénéfice.

ARI-Quels sont les produits rwandais que vous vendez chez vous et en échange quels sont les produits congolais que vous vendez au Rwanda

SE – Au niveau des produits que nous aimons beaucoup, on avait commencé quelque temps avec Agashya, les biscuits, notamment les biscuits des patates douces qu’on avait beaucoup aimés. Aujourd’hui on vend beaucoup avec le thé, café qui sont des produits qui sont demandés, qui sont non périssables, cela veut dire que même les problèmes de logistique et de transport ne sont pas un gros frein.  Comme je vous ai peut-être dit Made in Africa, ce sont des épiceries où on trouve à la fois du textile, du cosmétique, de l’agroalimentaire et de l’artisanat.  Ça veut dire que tout ce qui est le textile rwandais, l’artisanat rwandais, on a pris beaucoup d’œuvres rwandaises pour ramener aussi au Congo. C’est des choses qui sont beaucoup demandées.

En échange, ce que nous pouvons vous apporter ici, au Congo nous avons aujourd’hui le circuit à Ifondo où on a beaucoup de miel. On a commencé beaucoup à transformer la banane plantain aussi, parce que nous faisons de la farine de la banane plantain, nous faisons également des chips, du snacking à base de la banane plantain parce que chez nous pendant longtemps il y a eu la coopérative des bananeraies du Mayombe qui produisait beaucoup de bananes plantain. Donc on a cette complémentarité parce qu’on ne peut pas vivre que du thé et du café, nos populations consomment tout et elles doivent apprendre à consommer le Made in Africa. Ça veut dire que nos producteurs que ça soit au Rwanda ou au Congo doivent être capables de produire tout ce qui est nécessaire au bien-être de nos populations pour qu’on ne soit plus dépendants des importations étrangères.    

ARI –  Votre message …

SE – Ce que je vais dire j’espère que cela ne va pas déranger les gens, on ne fait rien sans l’amour, on ne fait rien sans la synergie. Les affaires se font parce qu’on se fait confiance, le business c’est la confiance. On achète la confiance. Si je connais bien les femmes exportatrices du Rwanda, on va encore mieux faire les affaires. Ça veut que nous devions multiplier les cadres où on peut se rencontrer, nous devons multiplier les synergies gagnant-gagnant, parce que le Rwanda ne peut pas seulement venir et dire j’ai des produits je vais aller aider mes frères, non vos frères ont aussi avancer pendant ce temps-là et ils ont aussi quelque chose à vous apporter. Et si chacun dans cette relation, c’est comme dans un ménage, si chacun a l’impression d’être reconnu, même si tu m’apportes toute l’expertise, j’ai aussi besoin que tu reconnaisses ma valeur ce que moi aussi je peux. Mais je pense qu’avec les femmes on n’est en train de reconstituer un peu cette solidarité entre nous et le réseau des femmes entrepreneures que ça avec celui des importatrices ou même celui avec les femmes de l’OIF parce que l’OIF nous a demandé de rejoindre leur réseau des femme entrepreneures de la francophonie, je pense qu’aujourd’hui on est armée pour peut-être faire aussi la différence dans le commerce sous régionale.  (Fin)